Capsules historiques

Le 19 juin 1969 marque la naissance du Cégep de Victoriaville. Créé à la suite de la réunion de trois institutions existantes: le Collège des Frères-du-Sacré-Cœur, l’École du meuble et du bois ouvré et l’École Jeanne-Mance de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, et sous l’impulsion d’organisations et de personnes dévouées à l’éducation, le Cégep de Victoriaville est depuis les 50 dernières années un acteur de développement régional incontournable.

50 ans d’histoire – capsule 1

Créé en 1969, le Cégep de Victoriaville s’installe dans un bâtiment qui a alors déjà plus de 25 ans. Il a été construit par les Frères du Sacré-Cœur en 1942. Cela dit, à l’époque, le campus vient tout juste d’être transformé.

En effet, en 1962, on a installé de nouvelles résidences ultramodernes derrière l’aile est du collège. La même année, on avait aussi construit, à l’ouest, un nouveau pavillon indépendant pour la bibliothèque. Enfin, en 1968, on vient à peine de rénover à grands frais les laboratoires de sciences qui remplacent les anciens dortoirs des pensionnaires. C’est donc un bâtiment fraîchement modernisé qui accueillera les premiers cégépiens à la rentrée 1969.

Sur la photo, datant du milieu des années 1960, on remarque notamment l’absence du boulevard Jutras qui longe aujourd’hui l’arrière du Cégep, mais aussi l’absence des espaces commerciaux et résidentiels qui sont apparus par la suite. Notons aussi l’absence du pavillon des sports qui sera construit à la fin des années 1970 et le fait que très peu d’espace est consacré aux stationnements.

50 ans d’histoire – capsule 2

En 1970, l’École du meuble s’est officiellement intégrée au nouveau Cégep de Victoriaville. Or, cette école avait été créée de manière indépendante en 1965, soit quelques années avant la création du Cégep.

L’École du meuble et du bois ouvré (EMBO) avait été mise sur pied à la demande du milieu du meuble et du cercueil qui était alors très présent dans la région (Victoriaville était considérée à l’époque comme la « capitale canadienne du meuble »). L’enjeu était de taille : les industriels avaient grand besoin de main-d’œuvre compétente pour suivre l’évolution des technologies et bien gérer et planifier la production en série. Plusieurs dirigeants d’entreprises se sont donc regroupés et, dès 1963, ont travaillé ensemble pour élaborer leur demande et faire les représentations nécessaires. La démarche était ambitieuse et originale : ils souhaitaient l’établissement d’une école-usine ultra moderne à Victoriaville alors qu’aucune autre école du genre n’existait au Canada! À peine 2 ans plus tard, l’EMBO ouvrait ses portes en toute hâte.

D’abord installée dans des locaux temporaires, l’EMBO aura ensuite ses « vrais » locaux : dès l’automne 1968, la nouvelle école-usine est construite et accueille ses premiers étudiants.

50 ans d’histoire – capsule 3

La Révolution tranquille des années 1960 s’est traduite par l’essor spectaculaire des services publics de la province, notamment dans les secteurs de la santé et de l’administration. Parallèlement, les enfants du « baby-boom » et la publication du rapport Parent (1963) ont forcé le développement rapide du système d’éducation : on a créé dans ces années-là les polyvalentes, les cégeps et le réseau de l’université du Québec. La demande pour des employés instruits était donc énorme. Or, à l’époque, les Québécois étaient relativement peu nombreux à avoir les qualifications nécessaires pour devenir enseignants…

Pour répondre aux besoins, les gestionnaires du Collège Sacré-Cœur puis du Cégep de Victoriaville embaucheront alors de nombreux enseignants issus de l’immigration. Ils viennent de partout : d’Haïti, d’Arménie, du Brésil, de Belgique, d’Égypte, de Chine, du Liban, de France, des États-Unis, etc. Dans ses notes personnelles, le frère Roland Henry, le directeur du collège à cette époque, parle de l’« effervescence des jeunes professeurs laïques qui nous arrivaient de toutes parts et de tous pays ». En 1970, ils forment le tiers du corps professoral régulier, ce qui peut surprendre dans une région comme les Bois-Francs où la population était alors très homogène. Pendant des décennies, la présence de ces profs aux destins particuliers sera une des caractéristiques les plus originales de notre histoire. Ainsi, des générations entières d’étudiants de Victoriaville et sa région auront l’occasion d’élargir leurs horizons, non seulement sur les plans intellectuel et social, mais également aux plans culturel et humain.

Sur la photo : quelques enseignants du Cégep en 1969 en compagnie de Roch Gardner, député de l’Union nationale à l’époque.

50 ans d’histoire – capsule 4

Dès l’ouverture du Cégep de Victoriaville, un Service de la vie étudiante est créé, ce qui traduit l’effervescence de l’époque. On considérait alors que les cégeps devaient être des milieux de vie où les étudiants pourraient se développer de manière globale, à la fois dans le cadre de leurs cours, mais aussi par le biais d’une vie parascolaire riche et diversifiée.

Les premières activités étaient sportives – ce qui existait déjà au Collège Sacré-Cœur – mais rapidement, on ajoutera une dimension socioculturelle, ce qui était une grande nouveauté dans la vie des écoles de la province. Dès 1970, de multiples ateliers artistiques sont organisés (peinture, musique, théâtre, poésie, etc.) et des comités étudiants s’organisent (radio, journal, photo). Parmi toutes les activités, une deviendra vraiment très populaire : le fameux Ciné-Collège.

C’est d’abord une activité interne destinée aux étudiants, mais on ouvrira ensuite la porte au public de la région, ce qui fait que l’assistance sera composée à la fois de jeunes, de membres du personnel et de citoyens. Le Ciné-Collège devient un véritable rendez-vous! Longtemps, ce fut le seul endroit où on pouvait voir du cinéma de répertoire dans la région. Au fil des années, les organisateurs proposeront aussi des « nouveautés » qui n’étaient pas déjà diffusées dans le circuit commercial existant.

À partir de 1981, le Ciné-Collège et le Service de la vie étudiante se sont associés à un autre cinéclub, ce qui a donné naissance au nouveau « Ciné-Club ». Ce dernier a projeté des films de répertoire au Cégep de Victoriaville jusqu’en 2013.

50 ans d’histoire – capsule 5

Ah, la rentrée… Chaque année, à la fin août, des centaines de nouveaux étudiants découvrent le Cégep de Victoriaville. L’ambiance est toujours fébrile! On reçoit son horaire, on cherche les bons locaux de classe, on s’assure d’avoir le matériel demandé par les enseignants, on fait des rencontres.

Dès 1969, le rituel s’installe et des activités sont organisées pour amorcer l’année du bon pied. Au milieu des années 1970, c’est même une semaine entière qui est consacrée à cet accueil. Grand méchoui collectif préparé et servi par les membres du personnel, jeux cocasses, concours, tissage, spectacles de musique, feu de camp, matchs sportifs amicaux, soirées thématiques : les terrains du Cégep s’animent chaque jour et chaque soir pour accueillir les étudiants.

Longtemps, des initiations ont été organisées pour les « petits nouveaux » par les étudiants de 2e ou de 3e année. Dans les années 1980, les défilés dans les rues de la ville étaient encore dans les habitudes! Cette pratique reculera toutefois au fil des années suivantes pour éviter les débordements.

Tout au long de l’histoire, le Cégep de Victoriaville a célébré l’accueil des étudiants. De nos jours, la tradition se poursuit avec la cérémonie de la cloche et la haie d’honneur, mais aussi avec le coloré festival de la rentrée et les activités d’intégration.

50 ans d’histoire – capsule 6

Une grande marche pour le climat s’organise à Victoriaville pour le 27 septembre 2019. Toute la communauté collégiale s’y associe, ce qui montre bien que cette 50e année d’existence s’inscrit dans la continuité.

En effet, la mobilisation citoyenne a fait partie de la réalité du Cégep de Victoriaville tout au long de son histoire. Que cela vienne des étudiantes et des étudiants, du corps enseignant ou d’autres membres du personnel, des représentantes et des représentants de la communauté collégiale ont toujours participé à des débats, à des manifestations, à des grèves ou à des mouvements de solidarité.

Les causes défendues ont été aussi nombreuses que diversifiées au fil des décennies. Dès octobre 1969, quelques semaines à peine après l’ouverture officielle du Cégep, les étudiantes et les étudiants rejoignent plus de 2000 personnes qui manifestent à Victoriaville pour protéger les droits des francophones. Au cours des années 1970, nombre de grèves sont déclenchées au collège au nom de l’accès à l’éducation. Parallèlement, des pétitions et manifestations sont aussi organisées pour dénoncer la discrimination faite aux femmes dans le monde du travail. Dans les années 1980, en marge de la crise économique, les manifestations de solidarité sociale se multiplient, tout comme celles en faveur des droits des travailleuses et des travailleurs. Au tournant du millénaire, la sensibilisation contre les impacts négatifs de la mondialisation mobilise la communauté collégiale. Une décennie plus tard, Victoriaville est le théâtre d’événements marquants liés au « Printemps érable »…

Chaque époque aura eu ses causes à défendre mais, à n’en point douter, l’esprit de mobilisation et de manifestation est une constante dans l’histoire du Cégep de Victoriaville.

50 ans d’histoire – capsule 7

Le 31 octobre 2019, le vent souffle si fort sur Victoriaville que les autorités ont décidé de reporter les célébrations d’Halloween.

Saviez-vous que dans l’histoire du cégep, le vent a déjà causé de très graves dégâts? Pour en savoir plus, il faut remonter au printemps 1977, dans la nuit du 3 avril plus exactement. Des vents terribles balaient alors la région. Soudain, un bruit assourdissant est entendu dans le secteur du Cégep… Mais que s’est-il passé?

Catastrophe : les vents ont entraîné ce jour-là le détachement puis la chute de l’immense clocher de bois recouvert de cuivre qui surplombait le dôme triangulaire du collège depuis 1941! Si on en croit les témoignages rapportés dans les journaux de l’époque, la lourde structure a été projetée « sur plusieurs centaines de pieds » avant de s’immobiliser au sol… Fort heureusement, on ne compte aucun blessé puisque les événements se sont déroulés en pleine nuit, alors que le cégep était désert. Imaginez un instant que cela se soit produit de jour, au beau milieu des allées et venues… On comprend que la mésaventure frappe l’esprit des gens de l’époque.

Bien évidemment, la toiture du collège est très lourdement abîmée à plusieurs endroits. Après avoir effectué des travaux de colmatage d’urgence, on annonce quelques semaines plus tard que le clocher sera reconstruit aux frais de l’assurance, mais avec une structure en métal cette fois, pour des raisons de sécurité évidentes.

Le 6 novembre 1978, après plus d’un an d’attente, on met finalement en place un nouveau campanile de 75 pieds de hauteur (près de 23 mètres) pour préserver le style original de la construction. On choisit toutefois de ne pas réinstaller l’ancienne cloche de bronze… Elle a été endommagée et on préfère alléger la nouvelle structure. Déjà à l’époque, on envisage cependant de garder la cloche et de l’exposer quelque part à l’intérieur du cégep, afin de rappeler l’histoire de l’institution. Malheureusement, cela ne se réalisera qu’en 2013, soit 35 ans plus tard!

L’opération de hissage du nouveau clocher de 5000 kilos attire une foule de curieuses et de curieux. Une énorme grue est utilisée pour l’occasion. Ironie du sort, il y a encore des vents violents ce jour-là… ce qui complique considérablement les manœuvres. Il faut donc beaucoup d’agilité aux ouvriers pour réussir à installer correctement l’imposante structure métallique sur son perchoir de 120 pieds de hauteur (36,5 mètres).

Depuis ce jour, le nouveau clocher du cégep, qui culmine à une hauteur de 195 pieds (59,5 mètres) se distingue fièrement dans le paysage. Plus de 40 ans après, il constitue encore un repère immanquable pour quiconque cherche à s’orienter dans Victoriaville.